Sardaigne encore, Bosa toujours… en noir, en blanc, en couleurs

Il y a quelques jours, j’ai retrouvé mon Leica dans la boîte à lettres, empaqueté, scotché, bien apesanteuré par quelques dizaines de petits coussins d’air. Il rentrait incognito d’un séjour de remise en forme à Paris. Comme neuf. Douze ans d’âge, pour un appareil de ce genre, c’est la prime jeunesse. Pendant tout le temps de son absence, j’ai fait de copieux travaux de commande, en numérique, en couleur (d’où mes concomitantes absences bloguesques). C’est toujours de la photo, toujours le passionnant et instructif travail de cadrage, bien évidemment, mais… comment dire le plaisir qu’il y a à faire de la photo sur pellicule?… Un plaisir qui convoque toutes les sensations. Ah, qui dira le son incomparable, sublime! , d’un déclenchement de Leica M au trentième de seconde?… J’en suis à chaque fois tout éclaboussé de bonheur… En attendant de vous déposer au milieu d’un prochain billet l’enregistrement de ce petit bruit délicat qui vient en trois temps, ti-duc-tuu,  le mieux est sans doute d’extraire des étagères virtuelles de mon disque dur quelques images bien réelles (fixées sur pellicule, donc, et numérisées sommairement) de mon dossier « Sardaigne » constitué récemment… Oui ce sera la Sardaigne encore, Bosa surtout, encore et toujours, je ne m’en lasse pas et je ne laisse d’en être subjugué par la si merveilleuse lumière… et les si merveilleux paysages alentours, marqués de la présence respectueuse et bienveillante des hommes.

Quelques ruelles, escaliers, placettes et merveilleux murs lépreux de la vieille ville…

Une vue de la maison où je louais une chambre, en 6×7 cm (scan de planche contact)…

Un tableau végétal et minéral, détail du mur d’enceinte du château millénaire qui surplombe la ville, en 6×7 aussi (scan de négatif)…

Et puis les oliviers sardes encore, si envoûtants. Ceux-ci, les premiers rencontrés, sur le chemin des vignes, le deuxième jour. Ils me frappèrent par leur harmonie tranquille, évidente, philosophique, qui donne de l’épaisseur à l’instant et l’envie de prendre le temps de les faire délicatement entrer dans l’appareil photo…

Un peu plus loin le même jour, dans le sublimissime ruissellement des clochettes d’un troupeau, cet olivier parmi les oliviers, qui prenait le soleil chaud de quinze heures et le diffusait en mille flèches de lumière…

À la sortie de la ville un autre jour, dans la lumière du soir, cette scène paisible chez le maraîcher qui annonce sur un panneau à l’entrée de son terrain, non loin de l’invraisemblable bric-à-brac qui lui sert de cabanon : « QUI SI VENDE ROBA NATURALE, POMODORI, SOTO OLIO FATI CON MALVASIA, POMODORI, SOTO SALE, CARCIOFINI, SOTO OLIO, OLIVE A BARATOLI, OLIO »… Ici l’on vend des produits naturels, tomates à l’huile (mais sott’olio indique en particulier le mode de conservation, comme sotto sale d’ailleurs) préparées avec de la Malvasia, tomates saumurées/salées/conservées dans du sel, coeurs d’artichauts à l’huile, olives en conserves, huile. [Marie, Benoît : merci pour la traduction!! Mince, maintenant que je sais tout ce qu’il propose, j’ai encore plus envie d’y retourner!…]

Une nouvelle image de l’oliveraie magique qui me subjugua tant et tant le matin de mon dernier jour à Bosa…

Un fruitier, croisé un peu plus tôt ce même matin, explosant de soleil et explosant mon cœur de joie émue…

Une partie du vignoble de la famille Columbu en fin d’après-midi, et la fameuse maison des vignes devant laquelle furent tournées les images du film Mondovino qui me donnèrent envie de venir en Sardaigne…

Un petit tour en ville et deux vues de Cagliari, chipées à l’obscurité galopante de mon dernier soir, qui donnent une petite idée de la splendeur du lieu…

… Et l’on revient au point de départ, en couleurs… Quelques unes des mêmes ruelles, des mêmes murs — et le même chat! — , avec la douceur de la pellicule couleur, tellement plus chaleureuse que la chirurgicale couleur numérique!…

Toujours les vignes Columbu, sur le sommet de la colline du lieu-dit « Fraus » de la commune de Magomadas, proche de Bosa. Vignes qui, servies par le savoir-faire et l’intelligence des Columbu dans le respect du terroir, ont produit en 2009 — en une quantité infime! — la Malvasia promue « meilleur vin d’Italie 2010 » il y a quelques semaines…

Et pour finir à Cagliari encore, cette photo qui me plaît bien, d’un chantier urbain où, là aussi mais d’une toute autre façon, fort sympathique et harmonieuse également, l’homme sculpte le paysage…

Les pavés de la ville et de la vie nous emmènent vers des chemins toujours renouvelés.

© Loïc Seron – 14 décembre 2010 – www.loicseron.com

Piacere! Quelqu’un a déposé en commentaire un lien vers des photos de la pâtisserie Turin de Briançon!…

 

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5 commentaires pour Sardaigne encore, Bosa toujours… en noir, en blanc, en couleurs

  1. Ledo Jean dit :

    ben mon gas !
    t’en as de la chance.
    de bien belle photos et enfin plus contrastées.
    Ca donne envie d’y aller.
    Je renouvelle mon invitation de faire des photos au havre où il peut y avoir une lumière d’enfer.
    Bise
    Jean

  2. fred fugen dit :

    bravo

  3. Peu Importe dit :

    J’ai vu peu de choses de la Sardaigne il y a quelques années, lors d’un court séjour, mais si je t’avais vu avant ton départ, je t’aurais dit « va à Bosa ». J’y avais ressenti quelque choses de très particulier, une atmosphère mystérieuse et envoûtante, merci de l’avoir en partie restituée sur quelques unes de tes photos.

  4. F dit :

    Ne pouvant voyager
    Je rêve..
    Et chaque photo m’emporte
    Le fil de tes mots égrène ces perles sardes
    Certains détails me happent
    Ta lumière éblouit
    Tes ombres désaltèrent
    Tes couleurs me réchauffent…
    …Et mon âme vagabonde…
    J’aime ce que tu nous offres.
    Merci.

  5. Muriel dit :

    J’aime cette page où le noir et blanc rivalise avec les couleurs. De la Méditerranée. Fragments émerveillés laissés sur un chemin, comme les ptits cailloux du Poucet. Du coup, je revisite le conte. Poucet comme prototype du voyageur-écrivain? Son premier voyage sylvestre, homérique, est mu par le seul désir du retour. D’où l’emploi des miettes de pierre. Vous me suivez? Mais le second? Le ptit gars futé -hommage à Jean Ledo, c’est un copain – sait qu’il peut revenir au pays natal. Il l’a déjà fait une fois, – l’été, une fois, pfff – donc il sait qu’il peut le refaire. S’il jette ses miettes de pain, … c’est pour attirer le lecteur à le suivre, c’est pour l’apprivoiser, c’est pour le nourrir de ses aventures à lui. Vous me suivez toujours? Le récit de son voyage inaugure le genre : d’une part les exploits du voyageur, il combat et vainc l’ogre ; d’autre part, il montre, comme un Marco Polo intemporel, les merveilles du monde, les bottes de sept lieues. Bon, d’accord, c’est un peu tiré par les cheveux -des filles de l’ogre, bouh – Faut oser.
    Tes photos sont comme ces miettes de pain, Loïc, elles m’entraînent sur tes pas de pérégrin. Ouf. Chui à peu près retombée sur mon pied.

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